Episode 17 - "Celle qui ne voyait pas le bout du tunnel"

"C'est seulement lorsqu'on a perd une chose que l'on se rend compte à quel point on y tient". Cet adage est l'un des plus vrais qui soit et que j'ai l'occasion de vérifier tous les jours. Je hais ma vie actuelle : elle n'a aucun sens, elle ne mène nulle part, elle ne m'apporte aucune satisfaction ni aucune joie. Et lorsque j'observe d'infimes améliorations, tout s'écroule quelques jours plus tard, me laissant tout à refaire... C'est sans fin.

Comme vous avez peut-être pu vous en rendre compte, j'ai grandement relâché mes efforts côté alimentation depuis une bonne semaine : plus de sport, des repas 3 fois par jours et évidemment ce week-end gros lachâge côté nourriture. Pas de crise à proprement parler mais des repas très caloriques et du grignotage tout au long de ces 2 jours passés devant la télévision au  fond de mon canapé-lit. Quelle déchéance et quelle vie pathétique !! C'est un véritable cercle vicieux : plus je m'isole, plus je suis m'ennuie et plus je remplit ce vide en mangeant. Plus je mange, plus je grossis et plus je m'isole... 

La solution à mon calvaire est évidente je le sais bien : prendre sur moi pour revoir mes amis et réamorcer le cercle vertueux grâce auquel je me sentais bien dans ma peau. Mais tant que je n'aurais pas perdu au moins une bonne dizaines de kilos, c'est impensable et totalement au dessus de mes forces. J'ai honte de moi, de ce que je suis devenue et cela a des répercussions dans mes relations aux autres : je ne suis absolument plus ouverte à ce qui se passe dans mon entourage , trop centrée sur mon petit et nombriliste monde, trop occupée à me lamenter sur mon  pauvre sort pour avoir l'esprit enclin aux futilités et à la détente. Ils ne retrouveront ni physiquement ni moralement la Mathilde qu'ils connaissent. Quand on est grosse et mal dans sa peau, on a envie de rien et surtout pas que les regard de quiconque se pose sur vous, masse informe et  bouffie que vous êtes. Alors évidemment, je n'ai surtout pas envie de sortir pour aller boire un verre dans un bar bourré de monde  : je suis bien trop complexée par mon apparence pour cela. C'est devenu un calvaire pour moi que de m'habiller, de m'apprêter et de me regarder dans une glace. Or c'est un passage obligé pour se rendre dans une soirée. De toute façon, je n'ai rien à me mettre vu que je ne fais plus les boutiques et que je porte depuis 7 mois les 2 mêmes jeans (dont l'un est troué à l'entre-jambe du fait du frottement des cuisses) et 2 tuniques, les seuls vêtements que j'avais conservé avant ma perte de poids.

19h : le téléphone sonne. Et oui, comme tous les dimanche soir, c'est Fabien !! Et pour une fois je décroche. Il est extrêmement surpris et ne sais plus quoi dire tant il songeait au message qu'il s'apprêtait à laisser sur mon répondeur.  Il me propose de passer le week-end prochain avec lui au ski. Encore une excuse à trouver en 2 temps 3 mouvements. Vite, vite... Ouf, j'en tiens une...  Je l'ai échappé belle mais voilà qu'il lance l'idée de programmer un apéro le 4 mars prochain pour fêter la fin de mon boulot. "Euh... Oui oui bien sûr"  Qu'est-ce que pouvais dire de plus?? Et enfin il me demande de lui dire quel soir de la semaine je serai dispo pour l'accompagner au resto afin d'utiliser une carte qui lui permet d'avoir un menu offert pour un menu payé et il finit ce flot d'invitations habillement repoussées jusque là par  lancer de passer chez lui ce soir pour fêter entre  potes célibataires la St Valentin. Ayant pressenti la chose (ben oui, je commence à le connaître mon p'tit Fabien), je l'avais  d'ores et déjà prévenu que je devais appeler ma grand-mère ce soir après son appel. Bon, ok elle est vraiment bidon cette cette excuse mais allez trouver un prétexte plausible un dimanche soir ! J'ai tout de même échappé à l'auto-invitation par laquelle il m'aurait annoncé : "Je suis dans le quartier, je m'arrête 5 minutes te voir si tu veux".

Je m'aperçois que cela fait 7 mois que je n'ai plus vu un seul de mes amis et que parallèlement mon poids n'a rien fait d'autre que d'augmenter. Si je n'avais pas coupé les ponts aussi radicalement, ils auraient vécu ce changement de silhouette au jour le jour et ne seraient pas si choqués quand ils découvriront ma nouvelle et hideuse apparence. Mais à présent il est trop tard, je suis prisonnière de mes mensonges et de ce corps boursoufflé que je ne contrôle plus.

Comments

[Aurélie]

Tu pourrais être surprise de lire autrechose que le jugement dans le regard des gens qui t'entourent.
Courage ma belle, il faut franchir le pas!