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Retour à la vie
8 janvier 2010

Episode 9 - "Celle qui se dégoûtait"

Du gras... Je ne suis plus qu'un immonde tas de gras aussi laide à l'extérieur qu'à l'intérieur. Je me dégoûte, je me déteste et je déteste ma vie...

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Moi qui passais des heures à faire les boutiques, à me pomponner, ne pouvant sortir de chez moi sans être apprêtée et maquillée, désormais, c'est à peine si je passe 10 min dans la salle de bain. Je ne me maquille plus et je ne porte plus aucun soin au choix de ma tenue vu que je m'habille tous les jours de la même façon : avec les mêmes vieux vêtements, les seuls dans lesquels j'arrive péniblement à me glisser, les derniers vestiges de mon ancienne taille 42 et de mes 76 kilos.

Je n'arrive pas à réaliser comment j'ai pu à nouveau me laisser enfermer dans la spirale infernale de la boulimie, lorsque je pense à toutes les privations et à tous les efforts que j'ai dû fournir pour parvenir à obtenir la silhouette délicate et légèrement osseuse dans laquelle je me sentais si bien (c'est-à-dire sans aucun sentiment de honte de soi ou de quelconque complexe relatif à mon poids mais avec un profond sentiment de vide que je comblais par une vie sociale très remplie). Ce fragile équilibre à tenu bon an mal an environ 2 années (les plus intenses de toute ma vie) puis le château de cartes s'est effondré, balayé par le stress et la pression du travail qui m'isolait de plus en plus de mes amis. Je compensais alors ce vide et cette solitude par une source de plaisir immédiat : la nourriture. Le cercle vicieux était lancé : plus je mange, plus j'ai envie de manger et plus je prends du poids. Plus je prends du poids, plus l'estime de soi diminue et moins je prends soin de moi. Moins je prends soin de moi, moins j'ai envie d'être vue et plus je m'isole... Plus je l''isole et plus je mange pour compenser. Etc...

Ma mère vient de le comprendre douloureusement. Contrairement à ce que je lui avais annoncé, je n'ai pas passé le réveillon de Noël avec elle. Cela l'a profondément peinée et déçue d'autant plus qu'elle se remet à peine du deuil de son père. Je m'en veux atrocement d'avoir été si égoïste mais je ne suis pas certaine qu'elle aurait apprécié que son réveillon se trouve entaché d'une énième dispute et de propos malheureux que j'aurais probablement tenu. Le dégoût et la haine de soi que je ressens sont si profonds qu'ils se traduisent par une agressivité aveugle et incontrôlée.
Je suis néanmoins partie rendre visite quelques jours à ma grand-mère et mon oncle que je n'avais pas vu depuis Noël dernier, bien qu'appréhendant leurs réactions face à cette Mathilde lestée de 20 kilos supplémentaires. Ils m'ont simplement dit que j'avais bonne mine avec ces quelques kilos en plus que l'on ne remarquait pas vraiment.
Mais ce soir ma mère m'avoue qu'en réalité ils ont trouvé que j'avais pris énormément d'enbonpoint. Elle me demande alors si la cause de mon absence n'était pas liée à cette fulgurante et incontrôlable prise de poids. Je nie évidemment l'absurdité de cette raison et coupe court à la conversation. Démasquée, je m'esquive pour me réfugier dans les larmes de mon désarroi et dans le havre de ma solitude.

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Commentaires
M
Merci Alyss pour ce commentaire. Je ne pensais que derrière la cuisinière émérite et un blog gourmand se cachait un parcours comme le tien.<br /> Continue de nous régaler avec tes recettes alléchantes et plus diététiques qu'ailleurs, sans oublier les dessins et les avis du Gros Nuls qui apportent une touche d'originalité supplémentaire.<br /> Bizz
A
Coucou.<br /> J'ai connu quelques similitudes avec ta situation. Pour des raisons x et y (j'essaie de reporter la faute sur tout et n'importe quoi, pour pas garder ça juste pour ma pomme!), j'ai pris 20 kilos en un an, en terminale. Je n'ai jamais eu aucune remarque de mes amis. J'ai conservé la même vie sociale. Le seul changement fut pour mon estime de moi-même. Puis en deux ans j'en ai perdu 15, puis les 5 autre sun peu plus tard. Pas de régime draconien, juste pas trop de féculents, et pas trop de sucrerie. Bref, pas d'excès. Perdre 1 kilo par mois, ce n'est pas trop dur à supporter pour le corps. J'ai d'ailleurs peur avec ton carnet d evoir tes journées! Pas assez de calories! Tu sais qu'ainsi tu risques de tout reprendre, car le corps en famine s'adapte en stockant beaucoup plus facilement. Bref pour ma part, j'ai repris 5 kilos que je vais essayer de perdre doucement... Etant célibataire après 5 ans de couple, ça me motive un peu. Quoique... On verra. Le but est de remplir ma vie sociale surtout, c'est ça qui me rend heureuse. Les kilos sont secondaires!<br /> Bon courage à toi, et fais attention tout de même. Prend soin de toi, fais-toi plaisir. Tes amis t'aiment pour ce que tu es, pas pour ton allure ou ton maquillage!<br /> Bises amicales
A
Si tu compenses l'absence de tes amis par l'excés de nourriture (ou en tous cas l'envie de manger) tu ne crois pas qu'il serait plus simple de voir tes amis? Ca ne change rien pour eux que tu aies pris du poids, et en plus ça te motiverait à en perdre, sans t'infliger des supplices de vélo ou de restriction de bouffe, ça te serait moins pénible, non? Et ils te renverraient une autre image de toi que celle du tas de graisse (vraiment tu y vas trop fort, tu es trop dure avec toi-même!)...<br /> Et ta silhouette osseuse, si c'était si dur de la garder, en étais-tu aussi heureuse? N'y aurait-il pas un juste milieu ou tu pourrais te sentir bien sans avoir autant d'efforts à faire?
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